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Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises (HC3E) a remis à Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, le rapport de la mission de préfiguration de France travail.
Intitulé France Travail, une transformation profonde de notre action collective pour atteindre le plein emploi et permettre ainsi l’accès de tous à l’autonomie et la dignité par le travail, il synthétise les échanges menés à l’occasion de la concertation lancée en septembre 2022 et élabore des propositions concrètes pour dessiner les contours de cette réforme en profondeur du service public de l’emploi, à laquelle s’est engagée le président de la République. Le chômage a significativement baissé et le taux d’emploi a retrouvé en France un niveau jamais atteint depuis les années 1970. Pourtant, les entreprises, quelle que soit leur taille, leur territoire ou leur secteur d’activité, sont de plus en plus nombreuses à rencontrer des difficultés importantes de recrutement et de très nombreuses personnes dépourvues d’emploi peinent à retrouver un travail.
Malgré l’engagement de tous les acteurs au service de la cause de l’inclusion et de l’emploi (État, régions, départements, communes, opérateurs publics, acteurs associatifs et privés), la complexité du système engendre son lot d’écueils, pour les demandeurs d’emploi comme pour les entreprises et les professionnels de l’accompagnement : trous dans la raquette, doublons, ruptures de parcours…
Les propositions formulées par la mission autour de France Travail visent à organiser les conditions de la collaboration et de l’efficacité collective, dans le cadre d’une gouvernance d’ensemble assurée par l’État, les collectivités et les partenaires sociaux. Ce choix est celui d’une meilleure coopération entre les acteurs, privilégié à une recentralisation, peu adaptée à la diversité des situations et au besoin de proximité, ou à une nouvelle décentralisation, qui ne ferait qu’empirer l’émiettement des compétences et la dispersion des efforts.
Le choix est aussi celui d’un investissement social grâce à une amélioration significative de l’offre de service en direction des personnes, notamment les plus éloignées de l’emploi, par des parcours d’accompagnement personnalisés et plus intensifs, et en direction des entreprises, visant à une réduction drastique des emplois non pourvus faute de candidats
Une concertation nationale
Afin de mener ce chantier prioritaire, le 13 septembre 2022, le ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion Olivier Dussopt a chargé Thibaut Guilluy de mener une large mission de préfiguration. Un comité des parties prenantes a été constitué, présidé par le ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et associant l’ensemble des acteurs : partenaires sociaux, représentants des collectivités, parlementaires, réseaux associatifs et opérateurs du service public (emploi, santé, famille).
La mission s’est attachée à multiplier les modalités d’échange avec les différentes parties prenantes autour de thématiques telles que la communication et l’aller vers, le diagnostic et l’orientation, l’accompagnement des personnes, la formation, les droits et devoirs des bénéficiaires, les services aux employeurs et aux conseillers, la gouvernance et le pilotage, les outils numériques… Elle a pris la forme de rencontres de terrain (visites apprenantes et ateliers), d’échanges bilatéraux, de contributions écrites et enquêtes, de wébinaires d’information.
La remise du rapport, fruit d’une concertation approfondie avec l’ensemble des acteurs concernés, constitue une étape important dans la mise en œuvre de la réforme.
Pour aller plus loin
* : Les territoires participant effectivement à l’expérimentation ont pu évoluer depuis la publication de ce communiqué.

France Travail : les inquiétudes des missions locales

Adobe stock « Les missions locales ont des inquiétudes légitimes sur leur place dans l’écosystème du futur organisme France Travail », estime Antoine Dulin, président de la commission Insertion des jeunes au sein du Comité d’orientation des politiques de jeunesse. Le COJ a toujours préconisé d’animer et de coordonner les politiques dédiées aux jeunes au niveau des bassins de vie et d’emploi, là où le rôle des élus locaux est essentiel.
Quelle place pour les élus communaux ?
Or, selon Stéphane Valli, président de l’Union nationale des missions locales (UNML), le pré-rapport dont il a pris connaissance, ne mentionne pas les élus du bloc communal, qui sont pourtant représentés au sein des conseils d’administration des missions locales.
« Le pré-rapport évoque le niveau régional, départemental et infra-départemental. C’est trop flou. On souhaite que le rôle primordial des élus locaux dans les politiques de jeunesse soit clairement explicité », revendique-t-il, en rappelant la connaissance fine qu’ils ont de leur territoire, de leurs administrés et des réponses existantes à apporter.
Concurrence avérée avec Pôle emploi
En mars 2022, au moment du lancement du Contrat d’engagement jeune (CEJ), les missions locales étaient déjà inquiètes. Opératrices exclusives de la Garantie jeunes, qui a inspiré le CEJ, elles ont dû alors partager leurs missions avec Pôle emploi. Chacun des deux opérateurs s’est vu assigner des objectifs chiffrés à remplir.
L’UNML a d’emblée exprimé ses craintes d’une concurrence possible entre acteurs. « Un an après le lancement du CEJ, on se rend compte qu’il y a des effets de concurrence avérés et pas très efficients », déplore Stéphane Valli. Et de revendiquer de confier la gestion du CEJ aux seules missions locales au nom de la cohérence, de l’efficience et de l’accompagnement spécifique dont ont besoin les jeunes.

Le point sur le contrat d’engagement jeune
Thibaut Guilluy, haut commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, temporise : « Les acteurs de la jeunesse ont réalisé un bilan assez positif du CEJ à l’occasion du dernier comité national de suivi présidé par Olivier Dussopt. Si les objectifs chiffrés au lancement ont parfois pu créer un sentiment de concurrence sur les territoires, les coopérations se déploient désormais fortement entre Pôle Emploi, les Misions Locales mais également avec les Epide, les E2C, les associations de jeunesse. Le CEJ est un droit ouvert et plus de 300 000 jeunes en ont déjà bénéficié. »
Tout en reconnaissant la chance que constitue le réseau des missions locales, une spécificité française, il ignore pour l’instant l’idée de lui confier le portage exclusif du CEJ. « Il faut faire un diagnostic partagé entre les missions locales, Pôle emploi et les autres acteurs de l’emploi et de l’insertion sur un territoire », insiste-t-il. L’autre crainte de Stéphane Valli concerne la mise en place d’un algorithme d’orientation des demandeurs d’emploi. « Nous avons toujours privilégié la relation humaine. La discussion permet d’évaluer les besoins et les problématiques du jeune, et de proposer une orientation vers tel ou tel réseau. L’automatisation du processus nous inquiète profondément », confie-t-il.
Thibaut Guilluy rétorque : « Il n’y aura pas le mot d’algorithme dans le rapport. L’enjeu est d’orienter rapidement la bonne personne vers le bon référent. » Si le mot qui fait peur ne figure pas dans le rapport, il demeure possible qu’une orientation automatisée soit envisagée. Mais ce ne serait qu’un des outils d’orientation parmi d’autres.
Quelles relations avec les entreprises ?
À la lecture du pré-rapport, Stéphane Valli a décelé un autre élément source de mécontentement. « Dans le futur France Travail, c’est un seul opérateur, Pôle emploi, qui pilote les relations avec les entreprises. Nous souhaitons préserver notre synergie partenariale avec elles, au lieu d’être obligés de passer par un autre opérateur pour les approcher. Nous revendiquons une relation directe », fustige-t-il. Est-ce qu’il sera entendu par les maîtres d’œuvre du projet France Travail ? La réponse devrait tomber en avril. Thèmes abordés Insertion sociale Jeunesse Social

Territoires zéro chômeur de longue durée : l’expérimentation se déploie dans toute la France

Destinée à permettre à toute personne très éloignée de l’emploi d’être recrutée en CDI à temps choisi autour d’activités utiles au territoire, l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée prend de l’ampleur, avec désormais 53 territoires habilités et une centaine d’autres qui se préparent à candidater. Depuis les débuts du projet, 2.000 personnes ont été embauchées dans les entreprises créées et 800 autres personnes ont retrouvé un emploi grâce aux dynamiques locales. Le point sur les enjeux à l’échelle nationale avec Laurent Grandguillaume, président de l’association Territoires zéro chômeur de longue durée, et à l’échelle locale avec les acteurs de Castillon-la-Bataille, territoire habilité en 2022.