Agir

Motion relative à la suspension de l’agrégation de la langue créole

Publié le : 18 Nov 2025

Lè yo lé fè an lanng pé, sé an Pep yo lé bliyé.

Quand on veut faire taire une langue, c’est un peuple que l’on veut oublier.

  • Considérant que la langue dite créole constitue un pilier essentiel de l’identité, de la culture et de la mémoire collective des peuples antillais, guyanais et réunionnais,
  • Considérant que la valorisation des langues régionales, dites « minoritaires », est un élément fondamental de la diversité linguistique et culturelle et un levier d’émancipation citoyenne,
  • Considérant que la suspension de l’agrégation de la langue dite créole apparaît comme un recul symbolique et concret dans la reconnaissance institutionnelle de notre langue et de ses Enseignements,

Le CÉSECÉM adresse la présente motion pour témoigner de sa profonde préoccupation et pour appeler les autorités compétentes à revenir sur cette décision.

Le CÉSECÉM condamne la décision du Ministère de l’Éducation nationale de suspendre le concours de l’agrégation de la langue dite créole pour l’année 2026, au motif qu’il existerait « un nombre suffisant de professeurs ». Cette justification, au regard des enjeux culturels et éducatifs propres à nos territoires, apparaît comme fort inadaptée. Cette suspension constitue une atteinte à la valorisation de la langue créole, à la diversité linguistique et à la justice éducative pour les élèves et étudiants de nos territoires.

Le CÉSECÉM alerte sur les effets suivants :

  • Une démobilisation possible des enseignants et des candidats motivés par l’agrégation et concours ou formations diplômantes ;
  • Un affaiblissement du statut de la langue créole dans le système éducatif, nuisible à sa transmission et à son rayonnement ;
  • Un signal négatif aux jeunes générations qui apprennent ou ont appris le créole, pouvant renforcer le sentiment de relégation linguistique ;
  • Une perte de visibilité institutionnelle pour les cultures de nos territoires, alors même que la valorisation régionale est un levier de développement sociétal.

En conséquence, le CÉSECÉM demande :

  1. Que le Ministère de l’Éducation nationale revienne sans délai sur la suspension de l’agrégation de langue dite créole et rétablisse l’ouverture du concours dans les meilleurs délais.
  2. Que soient immédiatement engagés des travaux pour garantir un cadre pérenne de reconnaissance de l’enseignement du créole : agrégation, concours académiques, spécialisation, valorisation de la filière…
  3. Que les examens, recrutements et carrières des professeurs de créole bénéficient d’un traitement équivalent à celui des autres langues régionales ou étrangères, afin de promouvoir l’égalité réelle entre territoires.
  4. Que la Collectivité Territoriale de Martinique, aux côtés des partenaires de l’éducation, élabore un plan régional de valorisation du créole : formation continue, recherche, ingénierie pédagogique, partenariat universitaire, diffusion culturelle…
  5. Que la société civile, les associations linguistiques, les syndicats d’enseignants, les collectivités et les institutions régionales soient pleinement associés à ce plan via une instance de gouvernance partagée.

Le CÉSECÉM, en tant que représentant de la société civile martiniquaise, s’engage à informer régulièrement la population martiniquaise de l’état d’avancement des démarches relatives à la reconnaissance et la promotion de la langue créole.

Lanng kréyol- nou an andwa respé, pa sispansion. 

Tiré lagrégasion-an sé fè Limanité ped fos Lespri. 

Adopté à l’unanimité des membres présents lors de l’assemblée plénière du 12 novembre 2025.

Votre réaction à cet article sur :

4
0
1

Partager cet article sur :

Rejoignez notre chaîne WhatsApp pour voir nos prochaines publications :

Sur le même thème

Note informative
Publié le 04 Avr 2022
Évènement
Publié le 10 Fév 2020

Votre réaction à cet article sur :

4
0
1

Partager cet article sur :

Connexion à votre compte