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À partir du 15 octobre 2024, le Musée de zoologie de l’Université de Cambridge offre aux visiteurs une expérience unique : la possibilité de discuter avec les animaux exposés, qu’ils soient squelettiques, taxidermisés ou éteints. Des spécimens du musée de Cambridge prennent ainsi vie grâce à la puissance de l’intelligence artificielle. Avec ce nouvel outil de médiation, l’équipe vise à “renforcer notre lien avec le monde naturel et à inverser l’apathie face à la perte de biodiversité”.
En collaboration avec la société Nature Perspectives, fondée par d’anciens étudiants, le directeur adjoint du musée de zoologie de l’Université de Cambridge, Jack Ashby, a choisi une gamme de spécimens animaux à ramener à la vie grâce à l’intelligence artificielle générative.
“Il s’agit d’une formidable opportunité pour les gens de tester une technologie émergente dans le cadre inspirant de notre musée” explique Jack Ashby.
Dialogue avec treize spécimens
Les visiteurs peuvent poser leurs questions à treize spécimens – dont des squelettes de dodo et de baleine, un panda roux empaillé et un cafard préservé – en scannant des codes QR qui ouvrent une boîte de dialogue sur leur téléphone portable.
Dans des conversations à double sens, qui peuvent être vocales ou textuelles, les spécimens répondent comme s’ils étaient encore en vie.
Une base de données rassemble toutes les informations disponibles sur chaque animal concerné, y compris les détails spécifiques à chaque spécimen, comme leur provenance et la façon dont ils ont été préparés pour être exposés au musée. Ce contenu a été “reconditionné” à la première personne, afin que les visiteurs puissent vivre des conversations “réalistes et significatives”.
Les animaux adaptent leur ton et leur langage à l’âge de la personne à laquelle ils parlent. Ils sont également polyglottes : ils parlent plus de 20 langues, dont l’espagnol et le japonais, ce qui permet aux visiteurs de discuter dans leur langue maternelle.
L’équipe a sélectionné une gamme de spécimens comprenant des squelettes, des animaux empaillés, des modèles et des animaux entiers préservés.
Les spécimens sont les suivants : squelette de dodo, squelette de narval, corail cerveau, papillon vulcain, squelette de rorqual commun, blatte américaine, taxidermie de huia (un oiseau récemment éteint de Nouvelle-Zélande), taxidermie de panda roux, ornithorynque lyophilisé, squelette fossile de paresseux géant, crâne et bois de cerf géant, taxidermie de canard colvert et modèle d’Ichthyostega (un ancêtre éteint de tous les animaux à quatre pattes).
Une première au Royaume Uni
Il s’agit probablement de la première fois qu’un musée britannique et qu’un musée d’histoire naturelle dans le monde utilise l’intelligence artificielle générative pour permettre aux visiteurs de discuter de cette manière avec les objets exposés.
En analysant les données issues des conversations, l’équipe espère que cette expérience d’un mois leur permettra d’en savoir plus sur la manière dont l’IA peut aider le public à mieux interagir avec la nature, et sur le potentiel de l’IA dans les musées.
Elle fournira également au musée de nouvelles informations sur ce que les visiteurs veulent vraiment savoir sur les spécimens exposés. Ces retours de visiteurs permettront ainsi d’enrichir la médiation permanente dans le musée.
“C’est une opportunité incroyable pour les gens de tester une technologie émergente dans le cadre inspirant de notre musée, et nous espérons également en apprendre davantage sur la façon dont nos visiteurs voient les animaux exposés”, a déclaré Jack Ashby.
Impliquer et sensibiliser le public
La société Nature Perspectives utilise l’intelligence artificielle pour “permettre aux institutions culturelles comme le Museum of Zoology de faire participer le public à des expériences de conversation uniques”.
L’entreprise et le musée visent à “inverser l’apathie croissante envers la perte de biodiversité en proposant de nouvelles façons d’interagir avec le monde naturel.”
“Notre objectif est de faire en sorte que les gens s’intéressent au monde naturel. Nous sommes donc curieux de voir si cela fonctionnera et si le fait de discuter avec les animaux changera l’attitude des gens à leur égard. Le cafard sera-t-il plus apprécié, par exemple, parce que sa voix sera entendue ?” ajoute le directeur adjoint.
“En utilisant l’IA pour simuler des perspectives non humaines, notre technologie offre au public une nouvelle façon de se connecter au monde naturel”, a déclaré Gal Zanir, cofondateur de la société Nature Perspectives, qui a développé la technologie d’IA pour l’expérience. “L’un des aspects les plus magiques des simulations est qu’elles s’adaptent à l’âge. Pour la première fois, les visiteurs de tous âges pourront poser toutes les questions qu’ils souhaitent aux spécimens”.
A propos de Nature Perspectives
La société Nature Perspectives a été créée par une équipe de diplômés du programme de Master en leadership en conservation de l’Université de Cambridge, qui ont remarqué que les gens semblent se sentir plus connectés aux machines lorsqu’ils peuvent leur parler.
Cela a inspiré l’équipe à appliquer le même principe à la nature, “en donnant à la nature une voix pour promouvoir son action et favoriser des liens plus profonds et plus personnels entre les gens et le monde naturel”.
“L’intelligence artificielle ouvre de nouvelles possibilités passionnantes pour connecter les gens à la vie non humaine, mais les impacts doivent être soigneusement étudiés. Je suis ravi de participer à l’exploration de la manière dont le projet pilote Nature Perspectives affecte la façon dont les gens perçoivent et comprennent les espèces qu’ils « rencontrent » au Museum of Zoology”, a déclaré le professeur Chris Sandbrook, directeur du programme de maîtrise en leadership en conservation de l’université de Cambridge.
“Permettre aux musées de faire participer les visiteurs aux perspectives simulées des expositions n’est que la première étape de Nature Perspectives. Nous souhaitons appliquer largement cette approche transformatrice, de l’engagement et de l’éducation du public à la recherche scientifique, en passant par la représentation de la nature dans les processus juridiques, l’élaboration des politiques et au-delà”, a déclaré le cofondateur de la société Nature Perspectives.
A propos du Museum of Zoology / University of Cambridge
L’expérience d’IA Nature Perspectives se déroule pendant un mois, du 15 octobre au 15 novembre 2024. www.museum.zoo.cam.ac.uk/visit-us
Le musée zoologique de Cambridge n’est pas la seule institution culturelle à tester l’IA comme outil de médiation in situ. En 2024, le musée Dalí de Floride a lancé l’expérience Ask Dalí, qui permet aux visiteurs de poser des questions à l’artiste surréaliste espagnol et de recevoir des réponses via l’IA. (ARTICLE CLIC: Ask Dali, la nouvelle expérience IA du musée de Floride est innovante et inattendue) Au Royaume Uni, le Bletchley Park permet de dialoguer avec Alan Turing, pour une nouvelle expérience interactive. (ARTICLE CLIC : Bletchley Park proposera un dialogue virtuel avec Alan Turing grâce à l’intelligence artificielle)
SOURCES: University of Cambridge, presse
PHOTOS : University of Cambridge / J. Garget
Date de première publication: 15/10/2024
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