Il a fallu 20 tonnes de sargasse pour construire la première maison équipée de ces briques.

Se prélasser les doigts de pieds en éventail sur une plage paradisiaque des Caraïbes ? L’idée fait rêver mais la réalité peut s’avérer nettement moins glamour, cette région du monde appréhendant chaque année l’arrivée des sargasses. Ces algues brunes qui s’échouent et pourrissent du littoral vénézuélien à la côte floridienne en passant par les plages mexicaines et les îles antillaises sont un vrai fléau pour l’industrie du tourisme. En plus de dégager une odeur nauséabonde lorsqu’elles se décomposent, elles rejettent un gaz toxique composé d’hydrogène sulfuré et d’ammoniac qui peut irriter les yeux et les voies respiratoires. De quoi décourager plus d’un vacancier de faire le déplacement…

Las des sargasses, Omar Vasquez, un ouvrier mexicain qui participe depuis 2015 au nettoyage des plages de la Riviera Maya, dans le sud-est du Mexique, a créé des briques à partir de cette matière première. Elles composent 40% du produit final tandis que les 60% restants sont issus d’autres matières organiques. «J’ai décidé, alors que tout le monde se concentrait sur l’impact économique du problème, de commencer à utiliser l’algue», explique-t-il dans une vidéo du Programme des Nations unies pour le développement, qui le soutient.

Concrètement, les matériaux sont traités puis comprimés, et modelés en blocs dans une usine située à Mahahual, un village touristique de l’Etat du Quintana Roo. Deux modèles existent, le premier, dit «industriel», est compacté mécaniquement à raison de 112 kilos par centimètre carré, à une vitesse de 435 pièces par heure. Le second, dit «artisanal», est compacté à la main dans des moules et séché au soleil pendant dix jours. Dans des conditions idéales, les briques ont une durée de vie de plus de 120 ans selon l’entreprise Sargablock, qui précise en produire actuellement près de 1 000 par jour.

Omar Vasquez a construit une première maison, «Casa Angelita», composée de 2 150 blocs qui ont nécessité 20 tonnes de sargasses. L’entrepreneur a depuis fait don de 14 logements édifiés avec son matériau à des familles pauvres. L’initiative a séduit d’autres personnes originaires du Belize, de la Jamaïque ou encore de Puerto Rico, qui ont contacté l’ouvrier mexicain pour en savoir plus. Peut-être inspirera-t-elle en France métropolitaine, alors que les algues vertes gagnent chaque année un peu plus de terrain…

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