La Martinique, comme le reste des Antilles, souffre d’une augmentation du nombre de personnes basculant sous le seuil de pauvreté. AFP/Alain Jocard

Par Peggy Saint-Ville 

A l’Assemblée nationale, certains députés n’ont eu de cesse ces derniers mois de revenir sur la problématique des inégalités économiques et sociales dans les Outremers. Depuis février dernier, une Commission d’enquête parlementaire sur le coût de la vie des Ultramarins a été constituée. Son rapporteur est le député martiniquais Johnny Hajjar. Les dix membres doivent étudier les mécanismes et les causes de ce coût, puis établir un diagnostic complet et précis avant d’élaborer des préconisations et de proposer des solutions. Ils ont 5 mois pour le faire.

Le problème est en effet impérieux. Aujourd’hui, un peu plus de la moitié de la population martiniquaise (50,4 %), soit environ 180 000 personnes, se trouve en situation de pauvreté. Un chiffre qui a beaucoup évolué avec l’inflation de ces dernières années. Selon l’économiste Christian Louis Joseph du Cesecem (Conseil Économique, Social, Environnemental, de la Culture et de l’Éducation de Martinique), « le thème de la pauvreté s’est imposé dans le débat public à partir de la crise sociale locale de février 2009. »

En effet ils étaient entre 88 000 et 110 000 personnes à vivre sous le seuil de pauvreté entre 2019 et 2017 selon l’INSEE. Selon l’économiste, le territoire présente de nombreux indicateurs d’alerte de l’Union européenne. Si l’on prend en compte le seuil de pauvreté, le chômage, le taux de revenu médian, on s’aperçoit que les Antilles Guyane, à l’instar de la Martinique, sont dans une situation très problématique.

Selon les premiers constats de la Commission d’enquête parlementaire et de son rapporteur Johnny Hajjar, l’écart se creuse avec le modèle métropolitain. « Nous sommes très loin en termes de retraite, d’accès aux soins ou encore de revenus ». A cela s’ajoute pour l’économiste Christian Louis-Joseph un autre engrenage : « la pauvreté conduit à l’échec scolaire qui conduit à la pauvreté. » En effet en 2018 déjà, la Cour des comptes, indiquait que 40 % des élèves de CE1 et un quart des enfants admis en sixième possédaient une maîtrise fragile ou insuffisante de la langue.

En 2021, on comptait 18 100 demandeurs d’emploi en Martinique soit 7 800 hommes et 10 300 femmes. Des chiffres qui ne cessent de progresser. Selon l’économiste Christian Louis-Joseph, l’autre facteur à prendre en compte en plus des inégalités économiques est le déclin démographique. Depuis une quinzaine d’années, la Martinique perd en moyenne 3 000 habitants chaque année.