Résiliences partagées

Séminaire organisé par
L’Association Française pour la Prévention des Catastrophes Naturelles et Technologiques (AFPCNT)
et l’Institut pour l’Histoire et la Mémoire des Catastrophes (IHMéC)

Christophe Béchu et Jean-François Carenco ont lancé la première édition d’une campagne de prévention sur les pluies intenses et les inondations en Outre-mer pour l’année 2023

Fonctionne en mode maintenance. Le Jeudi 20 avril 2023 Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, et le ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, ont lancé la première campagne d’information et de sensibilisation des populations exposées aux risques de pluies intenses et d’inondations dans les territoires d’Outre-mer.

Retour sur l’intervention du Cerema suite à la tempête Fiona en Guadeloupe

Carte des ouvrages étudiés (K.Reboul). M1 : mission 1, M2 : Mission 2 Suite à une première mission d’expertise des dégâts post-Fiona sur les ouvrages d’arts des routes nationales et départementales de la Basse-Terre, une deuxième mission a été mandatée pour les ouvrages des routes communales. Près de 90 ouvrages ont été diagnostiqués par des binômes d’experts du Cerema, mobilisant des compétences en ouvrages d’art et géotechnique. Ils sont intervenus sur place quatre jours seulement après la tempête, et ont été accompagnés par deux renforts de la nouvelle équipe Antilles-Guyane du Cerema ainsi que par des agents de la direction des routes de Guadeloupe. Le Cerema a conduit pour chaque ouvrage une expertise visuelle de l’état structurel et de la vulnérabilité aux affouillements. Ces expertises in situ ont notamment permis d’observer sur certains ouvrages la présence de fissures dans les poutres, des fractures de perré, des affouillements localisés au droit des fondations induisant dans certains cas une déstructuration de la semelle, des instabilités de berges ainsi qu’une insuffisance de transparence hydraulique
Les sites étaient parfois difficiles d’accès et les visites ainsi que les rapports de synthèse pour chaque ouvrage critique ont été réalisés dans un délai très court. Ce travail mené sur une centaine d’ouvrages a montré que de nombreux ouvrages (ponts, gués et buses) sont fortement endommagés, voir détruits, certains ouvrages précaires sont à renforcer et des redimensionnements à prévoir.  Préparation d’un retour d’expérience sur les dégâts constatés Afin de capitaliser les dégâts en termes d’inondation, de mobilité des berges, de transport sédimentaire et de mouvements de terrain, un retour d’expérience est en cours de réalisation. Au vu des dégâts et des données limitées disponibles, cette étude combine plusieurs méthodes afin de caractériser au mieux les l’ampleur des dégâts sur la Basse-Terre. Les méthodes utilisées sont du calcul hydraulique et de l’imagerie / photo-interprétation sur l’ensemble des bassins-versants de la Basse-Terre. L’analyse des dégâts grâce à la méthode de détection de changements sera couplée avec les résultats des calculs hydrauliques ainsi que la confrontation avec la réalité de terrain (PHE « Plus Hautes Eaux » issues des relevés laisses de crue, chroniques issues des stations hydrométriques, etc.). Cette synthèse permettra d’aboutir à une cartographie des zones inondées (niveau d’eau, vitesse, débit), d’approcher l’érosion des berges, la mobilité des cours ainsi que le transport sédimentaire. Enfin, un test permettra d’évaluer la faisabilité de localiser les glissements de terrain de grande ampleur dans les zones habitées. La réunion de lancement a eu lieu le 19 avril 2023 associant le Parc naturel de Guadeloupe et la DEAL. Le BRGM sera également consulté sur la problématique des glissements de terrain.

Exposition du territoire

Des séismes se produisent régulièrement en France, tant sur le territoire métropolitain que dans les départements d’outre-mer. Si la majorité des séismes qui sont recensés en France sont relativement faibles, plusieurs tremblements de terre provoquant des dégâts aux constructions se sont produits ces dernières années, dont les plus marquants sont les séismes d’Annecy et Saint-Paul de Fenouillet en 1996, le séisme du Teil en 2019. Ce dernier a rappelé que le risque de voir des bâtiments endommagés, voire s’effondrer, à cause des tremblements de terre est bien réel. En 1909 à Lambesc, et en 1967 à Arette, les séismes ont fait des victimes à cause de l’effondrement des maisons. Des traces de séismes encore plus forts mais beaucoup plus anciens ont aussi été relevées par les géologues et par l’examen de documents historiques. La France est globalement un pays où la sismicité est modérée, en comparaison avec d’autres régions du monde.
Néanmoins, des séismes destructeurs ont eu lieu par le passé et se reproduiront dans le futur. Le territoire métropolitain ne se situe pas en limite de plaque tectonique. La sismicité en métropole vient principalement de l’équilibrage, à l’intérieur de la plaque Eurasie, des mouvements induits par le mouvement de collision des plaques Eurasie et Afrique. L’histoire montre que des séismes ayant eu des conséquences graves se sont produits en différents endroits du territoire.
© BRGM Le plus fort séisme connu au XXe siècle est le séisme de Lambesc (Bouches-du-Rhône) du 11 juin 1909, d’une magnitude supérieure à 6, qui fit une cinquantaine de morts (intensité épicentrale VIII-IX). On estime qu’un séisme de magnitude 6 peut se produire en métropole une ou deux fois par siècle.
Toutefois, des séismes plus faibles, mais plus fréquents, peuvent également avoir des conséquences humaines et économiques significatives.
Par exemple, le séisme du Teil, du 11 novembre 2019, de magnitude 4.9, a entrainé de nombreuses destructions de maisons et a des conséquences économiques graves dans la région.
Exemples de dégâts provoqués par les séismes – Séisme du Teil, novembre 2019 © BRGM Si des conditions défavorables se combinent (source peu profonde et proche d’un centre urbain, présence de formations meubles, bâti vulnérable), un séisme de puissance modérée peut causer des victimes par des effondrements de bâtiments vulnérables ou d’éléments non structuraux.
Les Pyrénées, les Alpes, la Provence et le sud de l’Alsace sont les régions les séismes se produisent le plus fréquemment. Dans les régions montagneuses, outre les effets directs d’un séisme, les mouvements de terrain potentiels pourraient avoir de graves conséquences. D’autres régions connaissent une sismicité modérée : le Grand Ouest, le Massif central, le Nord et les Vosges.
© BRGM
C’est aux Antilles (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy) que sismicité est la plus forte car ces îles étant situées au niveau de la zone de subduction des plaques nord-américaine et sud-américaine sous la plaque caraïbe. La sismicité dans l’arc antillais est principalement de deux types :
• des séismes de subduction interplaque, dont les magnitudes peuvent être de l’ordre de 8 et le foyer jusqu’à des profondeurs de 150 à 200 km ;
• des séismes intraplaques superficiels dont les magnitudes peuvent aller jusque 6.5.
Parmi les séismes importants survenus ces dernières années aux Antilles figurent le séisme des Saintes, en Guadeloupe, du 21 novembre 2004 (M 6.3, I0 VIII), qui fit une victime et de nombreux dégâts aux habitations, et le séisme du 29 novembre 2007 en Martinique (M 7.4, I0 VI).
Église de Terre de Bas après le séisme du 21 novembre 2004 (Saintes, Guadeloupe). © BRGM Les plus forts séismes historiques connus dans la région sont le séisme du 8 février 1843, en Guadeloupe, d’intensité épicentrale estimée à IX-X, qui causa la mort de plus de 1500 personnes et la destruction de la ville de Pointe-à-Pitre, et le séisme du 11 janvier 1839, en Martinique, d’intensité épicentrale estimée à IX, qui provoqua la mort de plusieurs centaines de personnes et la destruction de Fort-de-France (alors appelée Fort-Royal).
Parmi les autres départements d’outre-mer, la Guyane et Saint-Pierre-et-Miquelon connaissent une sismicité très faible, La Réunion une sismicité faible et Mayotte une sismicité modérée. Un séisme ayant provoqué de nombreux dommages aux constructions s’est produit en 1993 à Mayotte. L’île connait actuellement un essaim sismique (très nombreux séismes se produisant sur une période donnée) dû à l’activité volcanique, et l’apparition au large de l’archipel d’un nouveau volcan sous-marin.
La Polynésie française, connaît une sismicité faible. La sismicité des îles Wallis et Futuna est estimée comme moyenne. La Nouvelle-Calédonie est soumise à une sismicité très faible à moyenne.
Le risque sismique ne dépend pas seulement de la sismicité.
La nature des bâtiments compte pour beaucoup dans les effets d’un séisme sur un territoire. De nombreuses constructions datent d’époques où les règles de construction parasismiques n’existaient pas. Elles présentent souvent des faiblesses qui les rendent sensibles aux vibrations. La forme et la taille des bâtiments, les matériaux utilisés, leur mise en œuvre et l’état d’entretien des bâtiments sont des facteurs qui influencent beaucoup le comportement des bâtiments en cas de séisme.
Dans les centres urbains anciens, de nombreux bâtiments sont vulnérables. Les séismes destructeurs de ces dernières années, en France ou en Italie, montrent que de nombreux bâtiments anciens en pierre sont sévèrement touchés. Il existe des techniques pour réduire cette vulnérabilité, mais elles sont encore peu répandues, et leur coût est parfois important. Les constructions récentes doivent respecter l’obligation règlementaire de construction parasismique, et sont donc normalement beaucoup plus sûres. Par ailleurs, des études locales peuvent aider à prendre en compte efficacement les effets de site susceptibles d’aggraver les sollicitations sismiques, le risque de liquéfaction ou d’éviter les zones exposées à des mouvements de terrain ou des tsunamis qui peuvent être déclenchés par les séismes.